Entretien du 4 janvier 2013 : « Arnaques et ventes
forcées »Sur internet, nous assistons à une multiplication d’actes de piraterie, d’agression, de malveillance, d’arnaques et de manipulation de l’information. Que faire ?
– Question d’un lecteur :
En voulant télécharger un jeu sur internet, je me suis aperçu qu’un faux logiciel anti-virus s’était installé sur mon ordinateur. Pourtant, j’avais bien cliqué sur la fenêtre de téléchargement de ce jeu. Non seulement ce jeu ne s’est pas téléchargé mais ce faux logiciel anti-virus particulièrement malveillant s’est installé sans mon autorisation dans mon ordinateur.
Malgré mes différentes tentatives, je n’ai pas réussi à désinstaller ce logiciel malveillant, qui depuis me harcèle régulièrement par de fausses alertes du genre : « vous avez 341 fichiers infectés », « votre ordinateur est en danger » etc. Ce logiciel malveillant se présente sous plusieurs dénominations dont « Advanced Security Protector » et son but est de faire dépenser de l’argent de force, sous la pression de menaces de graves dangers. Que pensez vous de ce type de vente forcée ?
– Réponse de Philippe Morando :
A la suite de votre appel, j’ai effectué quelques vérifications sur internet. Plusieurs sites signalent ce logiciel « Advanced Security Protector », comme ayant provoqué de sérieux problèmes à de nombreux internautes. Voici l’une de ces mises en garde : « Ce logiciel se présente comme un gardien de la sécurité, alors qu’en vérité il peut complètement paralyser votre système Windows, sans que vous le remarquiez. Par conséquent, si vous constatez des dysfonctionnements dans Windows ou si des analyseurs informatiques inconnus vous proposent de supprimer des logiciels malveillants, c’est probablement que « Advanced Security Protector » vous attaque de plein front. »
Qu’il existe des voleurs, des arnaqueurs ou des escrocs, c’est un fait indéniable. Que le monde ne soit pas parfait et qu’il existe encore de nos jours des êtres malveillants dans notre société, dans notre démocratie de pays dit civilisé, cela peut se comprendre. Mais que le nombre de malveillances, d’incivilités et d’agressions augmente chaque année, malgré les interventions de nos politiciens et malgré l’action des institutions chargées du maintien de l’ordre et de la sécurité des citoyens, cela est particulièrement préoccupant. Ce qui devient choquant, c’est que l’Etat et les institutions interviennent de moins en moins, pour stopper les actes malveillants. Même si les citoyens signalent avec précision une malveillance, les autorités n’interviennent pas la plupart du temps.
Les autorités interviennent systématiquement, lorsqu’un groupe important de citoyens menace par ces actions les autorités. C’est bien trop souvent sous la menace de perdre des voix aux élections ou sous la menace de grèves paralysantes pour le pays (SNCF, AIR France…), ou d’actions groupées violentes de la part de citoyens mécontents, que les autorités finissent par intervenir.
Ce constat est particulièrement inquiétant car il signifie que, dans notre démocratie, ce sont les plus radicaux et les plus excessifs de nos citoyens, qui obtiennent gain de cause. Cela signifie aussi, que l’Etat a tendance à se désintéresser des bons citoyens respectueux, honnêtes et pacifiques.
Quelle drôle de communication s’installe entre l’Etat et les citoyens. Pourquoi voudrait-on que les citoyens aient pour honneur d’avoir une attitude honnête et respectueuse, alors que l’Etat ne soutient pas ce bon exemple. Le citoyen honnête, travailleur et respectueux se sent délaissé, ignoré. De plus en plus, certains, découragés, ne sont plus motivés par le travail bien fait, par l’honnêteté. Cette situation les incite à faire justice eux-mêmes, ce qui devient dangereux pour la paix de notre démocratie. Cela favorise le développement de bandes malveillantes, qui utilisent l’esprit de clan et la violence, pour satisfaire leurs besoins, en dépit des autres, en profitant du vide juridique ou du vide d’intervention de l’Etat. Malheureusement, la situation ne risque pas de s’améliorer car l’Etat, sous prétexte de faire des économies budgétaires, ne donne pas les moyens conséquents aux institutions juridiques et à la police.
Vous trouverez des éléments très utiles à ce sujet dans mon livre « Pour un monde où il fera bon vivre ».