Entretien du 30 décembre 2012 : « La véritable cause des conflits »

Où se trouve la cause de nos problèmes ? Comment réagissons-nous face aux circonstances de la vie ?

– Question d’un lecteur : Pourquoi l’être humain a-t-il tendance à entrer dans des conflits multiples et récurrents ?

– Réponse de Philippe Morando : Face aux problèmes de société, face aux problèmes que nous rencontrons dans notre vie personnelle, nous avons presque tous tendance, à rechercher la cause en dehors de nous-mêmes. Cela nous évite d’avoir à changer des habitudes auxquelles nous tenons. Cela nous évite aussi de nous sentir diminués. En effet, si nous admettons que nous sommes quelque peu responsables de ce qui nous arrive, nous serions alors aussi cause d’événements négatifs et destructeurs. Cela n’est pas très bien ressenti, pas très agréable.

Reconnaître nos erreurs ou notre implication dans ce qui nous arrive, ou dans de ce qui arrive aux autres, voilà qui heurte notre amour propre, notre orgueil. C’est pourquoi, nous préférons bien souvent déformer la réalité, déformer plus ou moins ce qui a été dit ou fait, pour garder la tête haute. Pour justifier nos actes et nos paroles, nous nous racontons des histoires sur nous-mêmes ou sur les autres. Nous nous mentons à nous-mêmes, même si nous évitons de mentir aux autres. Par ces mensonges, par ces affirmations fausses, nous créons en nous-mêmes des croyances fausses, erronées, qui nous aident à perpétuer nos mauvaises habitudes. Cela se manifeste à longueur de journée, sans que nous y prenions garde, sans que nous en soyons conscients. Nous voudrions bien changer nos habitudes, nous voudrions bien ne plus manger de gâteaux entre les repas, par exemple. Certaines de nos intentions sont bonnes car elles nous incitent à changer certaines de nos habitudes, que l’on considère comme négatives ou néfastes pour notre santé, pour notre bien être en général ou pour notre réussite.

Nous voudrions bien…mais nous ne le faisons pas car nous nous justifions alors, en nous donnant des excuses, des prétextes, du genre : « je n’ai pas le temps », « je fais ce que je peux », « je n’ai pas les moyens », « je n’ai pas eu de chance », « Pierre, Paul ou Jacques m’en a empêché », ou bien « tel ou tel événement m’a bloqué ». Finalement, nous évitons de nous faire mal sur le moment. Car vouloir quelque chose, dire quelque chose, et ne rien faire, serait incohérent et déstabilisant pour notre équilibre psychique. Dire ou vouloir faire quelque chose, et ne rien faire, est non seulement incohérent pour notre équilibre psychique, mais cela constitue un aveu d’échec, cela induit une sensation de danger potentiel pour notre confort et notre survie. Alors que fait-on ? Nous justifions nos actes et nos paroles, nous nous donnons des excuses. Ainsi notre équilibre mental est sauf. Nous n’hésitons pas à nous mentir à nous-mêmes, à déformer les faits et à déformer ce qui est. Il est donc fondamental, de prendre conscience de ce processus, qui consiste à déformer la réalité, à nous mentir, à nous justifier, à vouloir avoir raison, pour se sentir malgré tout fort, puissant et en sécurité. Cette prise de conscience constitue l’un des éléments fondamentaux du travail sur soi. Faire un travail sur soi, c’est chercher à maintenir et faire grandir notre ouverture d’esprit, à devenir de plus en plus lucide des différentes contradictions qu’il y a en nous-mêmes. Ce qui nous amène à être disposés à remettre en question certaines de nos pensées, certaines de nos croyances ou certaines de nos habitudes. Nous verrons plus tard, comment prendre de plus en plus conscience de ce processus, qui consiste à déformer la réalité, à se mentir à soi-même, à chercher à avoir raison à tout prix, pour avoir un certain pouvoir sur les autres. Nous chercherons aussi à comprendre, pourquoi ce processus est si destructeur pour nous-mêmes et engendre autant de conflits avec les autres. Ces notions sont développées dans « Le chemin de la libération »,« La liberté retrouvée » et  « La solution est en vous » .